Date de publication
23 octobre 2025
modifié le

Rennes 2 partenaire de la première université d'été internationale à Avignon

Retour sur cette première université d’été, en partenariat avec Avignon Université, Université Paris Cité, Université de Montréal, consacrée aux lieux de spectacle, qui s’est déroulée lors du dernier festival d’Avignon. 

photo de groupe université d'été Avignon
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Crédit photo : Alexandra Beraldin

Vous avez contribué à l’organisation de la première université d’été internationale à Avignon. En quoi a-t-elle consisté et sur quelle thématique avez-vous travaillé ?

Marion Denizot, professeure des universités en études théâtrales : L’université d’Avignon, impulsée par notre collègue avignonnaise Sophie Gaillard et notre collègue québécois Jean-Marc Larrue, a réuni plusieurs partenaires, dont Rennes 2*, pour ce premier événement dont le principe est de travailler une problématique de recherche avec des enseignantes et enseignants, et des étudiantes et étudiants, en dehors des cadres de formation habituels. C’est avant tout un temps d’échanges, dans une relation que l’on souhaite horizontale entre les participantes et participants. Nous étions deux enseignantes-chercheuses (Clarisse Bardiot et moi-même) et un enseignant-chercheur (Pierre Causse).

La thématique choisie, “Voir avec les lieux”, portait sur l’articulation entre les lieux de spectacle, le spectacle lui-même, et la réception du public : comment un lieu marque la fabrique et l’élaboration d’un spectacle, et comment il influence sa réception. C’est ce qu’on appelle l’agentivité des éléments : chaque objet ou lieu influence son environnement et les personnes qui le traversent.

Nous étions en immersion dans le terrain même de notre recherche à Avignon, durant ce festival de théâtre qui est le deuxième au niveau mondial, après celui d'Edimbourg. Avignon est une véritable terre de théâtre, avec une diversité de lieux et de configurations uniques. Concrètement, nous avons travaillé sur quatre lieux très différents : la Cour d’honneur du Palais des Papes, lieu emblématique et historique du festival ; la Carrière de Boulbon, située à une vingtaine de kilomètres et impliquant donc un déplacement en navette avec les autres futures spectatrices et spectateurs ; la FabricA, une salle fermée de configuration plus classique ; et la cour du lycée Saint-Joseph, transformée pour l’occasion en salle de spectacle en plein air. À travers ces expériences, nous avons réfléchi à la mémoire et à l’histoire attachées à chaque lieu, et à leur impact sur la réception du spectateur ou spectatrice.

Visite de la cour d'honneur lors de l'université d'été à Avignon
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Visite de la Cour d'honneur. Crédit photo : Avignon Université

Des étudiantes de Rennes 2 ont été invitées à cette université d’été. Comment cela s’est-il déroulé ?

M. D. : Nous avons en effet proposé à quatre étudiantes du master Arts de la scène et du spectacle vivant, ainsi qu’une doctorante de l’EUR CAPS (Approches créatives de l'espace public), de participer. L’objectif était leur forte implication : elles ont assisté à toutes les conférences et contribué à la réflexion collective, dans un groupe de 45 personnes. Nous leur avons demandé une restitution écrite, un rapport sensible de leur expérience.  

Nous avons collaboré avec les Ceméa (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active), une association d'éducation populaire très liée au festival d’Avignon, qui y organise des séjours. Ils ont ainsi accueilli les étudiantes et organisé des échanges autour des spectacles,entre participants et participantes, afin de favoriser une parole libre. 

Certaines étudiantes n’étaient jamais venues au festival : cette prise en charge leur a offert une formidable opportunité de découverte. Par ailleurs, l’initiation à la recherche par la recherche encourage des étudiants et étudiantes à poursuivre la réflexion dans le cadre d’une thèse de doctorat. Enfin, il est important de souligner la richesse des échanges entre les chercheurs et chercheuses et les étudiants et étudiantes qui viennent de différents horizons afin de consolider un réseau international de recherche en études théâtrales. 

En tant que doctorante chilienne, j'en avais beaucoup entendu parler, mais y être est une expérience unique : la monumentalité des lieux, notamment la Cour d'Honneur, et la présence massive du public m'ont particulièrement marquée. La ville entière semble se transformer pendant le festival.

J'ai beaucoup apprécié, au-delà des spectacles et des moments d´échange proposés par l'école, la visite de l'exposition Les Clés du Festival à la Maison Jean Vilar : nous y avons découvert des objets et des archives, et pu admirer des costumes de Macbeth mise en scène par Jean Vilar.

Cette immersion m'a permis de mieux comprendre une partie de l'histoire du théâtre français, de découvrir des lieux emblématiques, et d'enrichir ma réflexion sur la création contemporaine et sur le lieu théâtral, ce qui est en lien direct avec mon parcours de recherche.

Auteur de la citation
Beatriz Swinburn
Fonction de l'auteur
Doctorante en études théâtrales et participante de cette première université d'été
atelier lors de l'université d'été
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Atelier entre étudiantes et étudiants. Crédit photo : Avignon Université

L’Université Rennes 2 est impliquée dans deux projets de recherche en études théâtrales de grande envergure : l’ERC STAGE et le projet Hermès. Quels sont les liens avec cette université d’été ?

M. D. : Premièrement, l’université d’Avignon est l’un des membres fondateurs du projet Hermès, nous avons donc travaillé avec la même équipe pour l’université d’été. Ensuite, l’un des axes d’Hermès est un travail sur les archives lacunaires du spectacle, notamment techniques, souvent négligées. Le festival d’Avignon est un excellent terrain pour explorer ces archives peu exploitées. Par exemple, l’université d’été a été l’occasion de visiter la Maison Jean Vilar, où les participants et participantes ont manipulé des archives de spectacles. La thématique faisait aussi écho puisque l’agentivité des lieux pose la question des imaginaires et de la mémoire. À Avignon, on est sans cesse confronté à des éléments historiques, comme la photographie de Gérard Philipe en prince de Hombourg dans la Cour d’honneur, devenue emblématique du festival, ou la musique composée par Maurice Jarre et diffusée avant chaque spectacle. L’idée est donc de réussir à toujours articuler la thématique d’Hermès à celle des futures universités d’été.

Concernant l’ERC STAGEla porteuse du projet, Clarisse Bardiot, est membre fondatrice de l’université d’été. Les archives d’Avignon sont au cœur de ses travaux sur le virage numérique de l’historiographie contemporaine des arts de la scène. 
Ces croisements de recherche devraient permettre à l’université d’été de se pérenniser. Notre objectif à terme est d'ouvrir cette dernière à un public externe, et international. 

* Les soutiens financiers de l’Université Rennes 2 : l’UFR ALC, l’unité de recherche Arts: pratiques et poétiques (APP), l’EUR CAPS et ERC STAGE. 

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